Comment la numérisation décode la demande immobilière.

Conséquences de la crise du coronavirus visibles rapidement grâce à la numérisation

La pandémie de COVID-19 a montré à quel point il est important de disposer le plus rapidement possible de données servant de base à une évaluation de la situation sur le marché immobilier. Par chance, les possibilités actuelles de traitement des informations permettent d’obtenir rapidement des données sur la demande. Ainsi, la société suisse de proptech Realmatch360 analyse chaque semaine de façon anonymisée les abonnements de recherche des principaux portails suisses en ligne et met les données rapidement à disposition de ses clients.

Grâce à la précieuse évaluation des profils de recherche, des déclarations peuvent être émises sur les éventuelles modifications de la demande immobilière et leur forme suite à la crise du coronavirus. Il s’avère par exemple que la recherche porte de plus en plus sur des logements en propriété et des maisons individuelles, et moins sur des logements en location. Au sein des segments, les logements de taille moyenne à grande sont de plus en plus demandés. Cela montre que les exigences envers sa propre situation en matière de logement ont augmenté. 

La demande immobilière ne se détourne pas des grands centres

Les personnes recherchant un logement s’intéressent également plus souvent à des communes plus éloignées des centres depuis le début de la pandémie. Toutefois, on ne peut pas parler de détournement général des grands centres, car leur attractivité a fortement augmenté ces dernières années. De nombreux demandeurs recherchent donc toujours un logement en location dans les villes.

Dans le domaine de la propriété du logement, le déplacement vers des régions non centrales en revanche est plus marqué. Ce phénomène s’explique notamment par les prix élevés de l’immobilier dans les régions centrales et la possibilité accrue de télétravail.

Mais nous ne saurons que dans les années à venir si ces tendances ont un caractère durable. C’est pourquoi il est important de suivre en permanence l’évolution de la demande et de ne pas tirer de conclusion hâtive sur une situation ponctuelle. 

Calculer le loyer optimal sur le marché du logement

Outre les préférences en matière demande, les abonnements de recherche fournissent également des informations sur la disposition à payer des personnes à la recherche de logements en fonction de la région. Étant donné que quelques francs de plus ou de moins par mètre carré de loyer annuel suffisent à déterminer si un bien immobilier se louera facilement ou pas, des informations précises sont essentielles pour les propriétaires, les développeurs de projets, les distributeurs ou les agents immobiliers.

Des applications en ligne modernes permettent en outre de déterminer le loyer optimal sur la base d’informations complémentaires sur le bien immobilier commercialisé, comme son année de construction, son état, sa superficie, sa situation et la qualité de finition.

Combler des lacunes grâce à la numérisation

En résumé, on constate que l’analyse numérique des comportements en matière de demande contribue également, en plus des données relatives à l’offre et au marché, à combler le manque de connaissances nécessaires à la planification et à la commercialisation. C’est une étape importante, car face à la multiplication des défis sur le marché des surfaces de bureaux et de vente, il est de plus en plus important d’en savoir plus sur le comportement en matière de demande sur ces marchés également. 

«La recherche sur le marché du logement est devenue plus simple et plus efficace»

Thomas Rieder, expert immobilier du Credit Suisse et co-auteur de l’étude 2021 sur l’immobilier, parle de la numérisation croissante du marché immobilier suisse dans un entretien. 

Monsieur Rieder, dans l’étude 2021 sur l’immobilier, le thème de la numérisation de la branche immobilière et ses facettes est abordé dans plusieurs chapitres. Dans quelle mesure les locataires et les propriétaires sont-ils concernés?

Thomas Rieder: Aujourd’hui, cela commence dès la recherche d’un logement. Il y a 20 ans, on ne trouvait les petites annonces pour des logements pratiquement que dans les journaux. Aujourd’hui, on les trouve en revanche en premier lieu sur les grands portails en ligne.

Ces dernières années, la numérisation a apporté d’autres changements pour les locataires et les propriétaires: ainsi, les hypothèques peuvent être conclues en ligne ou la communication avec le gérant s’effectue via une application. 

Qu’est-ce qui a changé pour les personnes à la recherche d’un logement? 

La recherche de logements est plus simple et plus efficace. Je peux trouver beaucoup plus efficacement les logements adéquats. Et grâce à la possibilité d’enregistrer mes recherches sous forme d’abonnement de recherche, je serai informé plus rapidement et plus simplement des nouveaux biens immobiliers qui correspondent à mes critères. Si je suis intéressé par un bien immobilier concret, j’ai souvent la possibilité de convenir d’une visite virtuelle, ce qui raccourcit encore le processus décisionnel. 

Y a-t-il aussi des inconvénients?

Grâce à la faible couverture avant l’époque du numérique, il était plutôt facile de faire une bonne affaire. Aujourd’hui, si une annonce de bien immobilier à un prix intéressant est publiée, un grand nombre de personnes intéressées l’apprennent en un temps record, ce qui accroît la concurrence et rend plus difficile la recherche d’un logement malgré la disponibilité plus rapide des informations.

Sur les portails immobiliers en ligne, d’énormes quantités de données sont générées. Quels enseignements peut-il être tiré de ces données? 

Grâce aux progrès réalisés dans le domaine de l’analyse de données, les données disponibles sur les plates-formes en ligne peuvent être analysées rapidement. Cela permet de tirer de précieux enseignements sur la situation du marché dans les différentes régions. Grâce à ces données, nous avons ainsi pu déterminer rapidement quelles conséquences la crise du coronavirus a sur la demande en logements locatifs et logements en propriété. 

Dans l’étude, vous avez analysé dans le détail le domaine de l’Internet des objets en rapport avec les surfaces de bureaux. Existe-t-il des éléments comparables dans le domaine du résidentiel? 

Oui, en particulier dans le domaine des logements modernes, l’Internet des objets est de plus en plus utilisé pour les rendre plus intelligents. Cela va de l’utilisation des stores et du chauffage à l’éclairage des pièces et aux systèmes d’alarme et de fermeture. Un nombre croissant de ménages disposent également de robots aspirateurs et de tondeuses qui effectuent leurs tâches automatiquement.

En outre, l’Internet des objets est la base des Smart Cities dans le domaine du développement urbain. Des exemples d’application en sont les systèmes de stationnement ou les compteurs d’électricité intelligents ou encore la surveillance de la qualité de l’air et des niveaux d’eau en extérieur. 

Quelles sont les autres évolutions auxquelles on doit s’attendre à l’avenir quant à la numérisation dans le secteur de l’immobilier? 

Quelles sont les autres évolutions auxquelles on doit s’attendre à l’avenir quant à la numérisation dans le secteur de l’immobilier?

Dans les années à venir, nous tablons sur une forte augmentation de l’utilisation des produits et processus innovants existants. Ainsi, nos logements seront encore plus fortement interconnectés. Mais dans la construction également, l’influence de la numérisation sera de plus en plus importante. Aujourd’hui déjà, les investisseurs institutionnels exigent par exemple pour les appels d’offres de projets de construction de plus en plus souvent que la planification et le processus de construction soient numérisés au moyen d’un Building Information Modeling (BIM).

La numérisation gagnera également en importance dans le financement de biens immobiliers, car elle améliore l’efficacité et la rapidité des processus internes aux banques. Et l’hypothèque existante peut être aujourd’hui être prolongée rapidement et simplement via l’Online Banking. Malgré tout, les nouveaux propriétaires souhaitent toujours très souvent un conseil personnalisé pour le financement de leur logement en propriété.