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Numérisation

Passer au edge computing

La numérisation reste une tendance forte. La prolifération d’appareils connectés à Internet renforce les capacités de collecte,de gestion et d’analyse d’une avalanche de données en forte croissance. Selon Intersect360 Research, les sociétés informatiques comme Google, Amazon et Microsoft ont dépensé 57 milliards USD en infrastructures hyperscale (p. ex., les centres de données dans le cloud) en 2018, et le marché de l’hyperscale devrait dépasser la barre des 100 milliards USD d’ici à 2023. Ces investissements reflètent l’énorme valeur créée en analysant les données provenant du cloud dans presque tous les domaines de la vie et des affaires. Cependant, il existe un besoin croissant d’augmenter la capacité du cloud computing central, mais également la puissance de calcul locale proche de la périphérie d’un réseau, connue sous le nom de «edge computing» afin de tirer davantage de valeur de ces données. Par rapport au cloud computing central, l’edge computing peut fournir une analyse des données locales en temps réel à des appareils avec une très faible latence, ainsi qu’une connaissance du contexte, une sécurité et une évolutivité renforcées. L’edge computing complète le cloud computing, en particulier dans un environnement de réseau 5G qui offre des taux de transmission des données avec une faible latence. En début d’année, une grande société de télécommunications américaine a annoncé dans son blog que 2020 serait une «année épique pour l’edge computing». En effet, selon l’observatoire européen de la 5G, un grand nombre de projets d’edge computing visant à tirer le meilleur parti des réseaux 5G ont d’ores et déjà été lancés par des opérateurs de télécommunications. Parmi les exemples, citons les petits centres de données qui peuvent être installés sur des antennes relais de téléphonie mobile ou dans de grands bâtiments et qui permettent de développer des services, tels que des réseaux de livraison sécurisée par drones, des services de jeu et de marketing en réalité augmentée (RA), un meilleur traitement des paiements/marchandises dans les caisses en libre-service des magasins, le suivi en temps réel de l’état des patients dans les hôpitaux. Selon McKinsey & Company, ce nouveau domaine de l’edge computing (qui inclut les capteurs, les micrologiciels installés dans les appareils, le stockage et les processeurs) pourrait créer plus de 200 milliards USD de valeur en matériel informatique dans les cinq à sept prochaines années. L’edge computing est particulièrement intéressant pour des secteurs tels que les voyages, les transports, la logistique, l’énergie et les matériaux, le secteur public, l’agriculture et l’approvisionnement eau/gaz/ électricité. Il pourrait également contribuer à résoudre les problèmes posés par le changement climatique, la consommation d’énergie, la qualité de l’eau et les pénuries d’eau ainsi que les transports autonomes et devrait donc bénéficier d’un soutien gouvernemental.

Intelligence artificielle

Applications réelles

L’intelligence artificielle (IA) s’est considérablement développée ces dernières années et trouve sa place dans des applications réelles. Selon l’enquête «Global AI» de McKinsey, 58% des personnes interrogées ont déclaré que leur organisation avait intégré au moins une capacité d’IA dans un processus ou un produit d’au moins une fonction ou une unité d’affaires. Ce chiffre est en hausse comparé aux 47% de 2018, ce qui montre la progression constante de l’adoption de l’IA. IDC estime que les dépenses mondiales consacrées aux systèmes d’IA atteindront 98 milliards USD en 2023 contre 38 milliards en 2018. En outre, la forte augmentation du nombre d’appareils connectés à l’Internet des objets (IdO) et la prolifération de l’edge computing vont faire bondir le marché de l’IA pour la cybersécurité qui passera de 8,8 milliards USD en 2019 à un montant estimé de 38,2 milliards USD d’ici à 2026, selon MarketsandMarkets. 

Les grands acteurs technologiques continuent de jouer un rôle essentiel dans le développement de l’IA grâce à leurs vastes bases de clientèle qui produisent chaque jour d’énormes quantités de données et permettent de tester et d’améliorer les technologies de l’IA. Cela dit, les start-up stimulent elles aussi l’innovation dans le domaine de l’IA. Le montant total des investissements privés dans l’IA a atteint environ 40 milliards USD en 2018 et devrait dépasser ce chiffre en 2019, selon CapIQ et Crunchbase. Mais si le potentiel de l’IA a été clairement établi, les applications restent limitées à quelques domaines. La technologie de l’IA continuera à prendre de l’ampleur dans les années à venir. L’IA est à l’origine d’innovations passionnantes. Par exemple, la start-up britannique Exscientia et le laboratoire pharmaceutique japonais Sumitomo Dainippon Pharma ont utilisé des algorithmes d’IA pour développer en moins d’un an une molécule médicamenteuse qui pourrait traiter les patients souffrant de troubles obsessionnels compulsifs. Il faut généralement quatre ans et demi pour que des médicaments arrivent à la phase d’essais. Selon un reportage de la BBC, Exscientia travaille actuellement sur des médicaments qui pourraient traiter le cancer et les maladies cardiaques. Nous nous attendons également à ce que la pandémie de coronavirus fasse émerger des domaines d’application de l’IA dans la modélisation des épidémies virales. Des compagnies pétrolières comme ExxonMobil et Royal Dutch Shell Plc utilisent l’IA dans leurs activités d’exploration. De nombreux exemples illustrent le véritable potentiel de l’AI, c’est-à dire résoudre des problèmes du monde réel.

Réalité virtuelle

Nouveaux mondes – nouvelles opportunités commerciales

La réalité virtuelle (RV) continue de faire de petites incursions dans l’univers de l’électronique grand public en améliorant l’expérience des casques (allègement du poids, augmentation de la puissance de traitement, élimination des problèmes de latence). Des progrès lents mais réguliers ont également été réalisés sur les casques de réalité mixte (dans lesquels des objets virtuels sont ajoutés au monde réel). Facebook a dernièrement annoncé avoir vendu pour près de 5 millions USD de contenu dans sa boutique de matériel et de logiciels RV Oculus le jour de Noël, signe qu’un écosystème plus vaste est en cours de développement. L’innovation continue aussi chez Panasonic Corporation. La firme a récemment dévoilé de nouvelles lunettes de RV plus petites qui se passent de l’inconfortable serre-tête. Ainsi, ce marché poursuivra sa croissance sur fond d’adoption accrue de l’IA dans différents secteurs comme l’industrie de transformation, la santé, le commerce de détail et le divertissement.

Ces nouvelles technologies, notamment la RV, la réalité augmentée (RA) et l’IA, doivent être considérées sous l’angle du bouleversement économique qu’elles sont susceptibles d’apporter plutôt que de leur impact à court terme, comme sur le marché des appareils grand public. Dans son rapport «Seeing is believing» de décembre 2019, PwC estime que la RV et la RA pourraient injecter 1500 milliards USD dans l’économie mondiale d’ici à 2030, la contribution actuelle étant estimée à 46,4 milliards USD. PwC prévoit qu’en 2030, 23 millions de personnes travailleront avec la RA/RV, soit une augmentation par rapport aux 824 000 emplois concernés en 2019. Le scénario de test à grande échelle du télétravail pendant la pandémie de coronavirus devrait accélérer cette tendance. Ces technologies présentent des avantages pour les entreprises, notamment un meilleur développement des produits (formations, collaboration, essai et simulation des scénarios, etc. plus rapides), plus de sécurité sur le lieu de travail, une réduction des coûts et le développement de nouvelles expériences client. L’univers de la RA, en particulier, devient plus intéressant. Si la RV a été plus visible jusqu’à maintenant, la RA pourrait créer deux fois plus de valeur à long terme avec ses applications destinées tant aux consommateurs qu’aux entreprises, selon PwC. Apple est enthousiaste à l’égard de la RA: son PDG Tim Cook a déclaré que «dans quelques années, nous ne pourrons pas imaginer nos vies sans la [RA]».

Technologies 4.0

Les robots maîtrisent davantage de tâches

Selon un rapport de la Fédération internationale de la robotique (IFR), plus de 2,4 millions de robots industriels fonctionnent actuellement dans des usines du monde entier. Bien que ce chiffre soit légèrement inférieur à la prévision des groupes industriels en 2016 (2,6 millions), le marché des robots industriels affiche toujours une croissance impressionnante. Mais il existe un potentiel de hausse supplémentaire: le rapport World Robotics 2020 de l’IFR montre que la densité de robots dans l’industrie manufacturière est de 99 pour 10 000 employés. À l’avenir, le déploiement des réseaux 5G avec leur capacité de transmission de données accrue combiné à la puissance de calcul locale de l’edge computing augmentera considérablement les possibilités d’utilisation des robots, notamment les véhicules sans chauffeur et l’automatisation des processus dans des secteurs industriels et non industriels.

Les drones envahissent le ciel

Les drones ne sont plus des «jouets» et se transforment rapidement en un outil commercial. Compte tenu des progrès réalisés dans les logiciels, les caméras, les capteurs et l’edge computing, Drone Industry Insights s’attend à une croissance annuelle moyenne du marché des drones de 20,6% entre 2018 et 2024 pour atteindre 43 milliards USD. De plus en plus d’entreprises étudient des services innovants par drones. D’ailleurs, la Federal Aviation Administration (FAA) a déclaré dans ses prévisions 2019-2039 pour l’aéronautique que la taille du marché des drones commerciaux pourrait tripler d’ici à 2023. Des entreprises de divers secteurs étudient la technologie des drones. Par exemple, un opérateur de services de télécommunications basé au Royaume-Uni a annoncé son intention de s’associer avec une société de drones chinoise pour élaborer un réseau de livraison par drone en Allemagne.

Jumeaux numériques

Le marché des «jumeaux numériques» est un nouveau domaine intéressant qui se trouve à un point d’inflexion. Selon une définition donnée par GE, «les jumeaux numériques sont des représentations logicielles de produits et processus utilisées pour comprendre, prévoir et optimiser la performance en vue d’obtenir de meilleurs résultats commerciaux». Ce marché de logiciels purs devrait passer de 3,8 milliards USD l’année dernière à 35,8 milliards USD en 2025, selon un rapport de MarketsandMarkets de 2019. Compte tenu des progrès réalisés dans les interfaces de communication avancées et les techniques analytiques (p. ex., l’apprentissage automatique, l’IA), et de la flexibilité accrue du stockage de données (p. ex., la technologie de stockage flash dynamique), les entreprises sont de plus en plus nombreuses à adopter la technologie de jumeaux numériques pour réaliser des gains d’efficacité et des économies de coûts, et pour améliorer les délais de mise sur le marché et la conception des produits.

Technologies de la santé

Au-delà du cabinet du médecin

Les grandes sociétés informatiques s’intéressent de plus en plus au marché de la santé et l’abordent de différentes manières. La société de logiciels allemande SAP a annoncé une application destinée aux personnes âgées qui combine des données provenant de plusieurs sources (vêtements, capteurs et même une assistance vocale) dans un tableau de bord unique. Cette solution permet de prévoir les risques, d’organiser les soins, de donner de la visibilité aux familles et d’assurer l’indépendance des personnes âgées. Un autre exemple vient de la start-up américaine Komodo Health. Elle collecte des données anonymisées auprès de patients et d’organismes payeurs (assurances), et enregistre toutes les interactions entre les patients et le système de santé américain, ce qui permet d’améliorer l’écosystème des soins de santé. D’autres entreprises technologiques américaines, par le biais de leurs propres activités organiques et d’acquisitions, se concentrent sur le secteur de la m-santé (santé mobile) ainsi que sur le suivi et la gestion de la santé individuelle partout et à tout moment.

Il en résulte une explosion des données de santé personnelles, que les consommateurs peuvent partager avec leurs médecins (la puissance de l’edge computing permettra même de les partager en temps réel à l’avenir). Selon Fortune Business Insights, le marché mondial des dispositifs médicaux portables pourrait afficher un taux moyen de croissance annuelle de 24,7% pour atteindre une taille de 139,4 milliards USD en 2026 contre 24,6 milliards USD en 2018. Pour l’instant, ce marché est extrêmement fragmenté et se compose de différentes niches.

Le domaine des technologies de santé le plus intéressant semble être le marché du diagnostic et de la thérapie génique, où l’utilisation des robots, du «big data» et de l’IA ouvre de nombreuses possibilités commerciales. Bien que peu de thérapies géniques aient été approuvées par les organismes de réglementation jusqu’à présent, il existe un nombre considérable et en constante augmentation de projets pré cliniques. Les principaux bénéficiaires et moteurs de croissance sont les sociétés spécialisées dans les biotechnologies et les grandes entreprises du secteur de la santé. Ces dernières affinent déjà leurs analyses de rentabilité pour se développer dans les nouveaux secteurs de croissance, soit en faisant l’acquisition de petites entreprises florissantes soit en investissant dans leur propre recherche. L’épidémie de coronavirus pourrait également servir de catalyseur au développement des services de télémédecine, car les organismes de réglementation sont de plus en plus favorables à ces solutions et les assureurs santé sont moins réticents à les couvrir.