Quel est l’impact de la crise énergétique sur l’industrie suisse?

L’industrie de la Suisse, comme celle des pays européens, est affectée par la crise énergétique, mais pas dans la même mesure. L’intensité énergétique plus faible et le mix sectoriel procurent un avantage à l’industrie helvétique. En parallèle, la dépendance vis-à-vis des importations constitue un défi.

La crise énergétique, une menace pour l’industrie suisse

La crise énergétique a suscité des inquiétudes quant à la compétitivité de l’industrie en Europe. Les prix du gaz et de l’électricité ont parfois flambé. Par conséquent, les coûts de production ont également augmenté, notamment par rapport à d’autres sites comme celui des États-Unis. Cette augmentation pourrait non seulement poser des défis à court terme pour les entreprises, mais aussi induire des changements structurels à long terme pour l’Europe et la Suisse en tant que sites industriels. Il est par exemple envisageable de délocaliser certaines étapes de la production à l’étranger.

 

Néanmoins, les prix de l’énergie ne sont pas la seule raison des changements susceptibles d’affecter l’industrie. Le coût du gaz a reparti à la baisse récemment grâce à un hiver plutôt doux, aux économies réalisées et à l’augmentation des livraisons de gaz liquide. L’incertitude concernant l’approvisionnement énergétique joue également un rôle crucial, car celui-ci revêt une importance capitale pour la compétitivité internationale.

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L’industrie suisse est bien armée contre la crise énergétique

L’industrie suisse, contrairement à celle d’autres pays européens, pourrait être moins affectée par les incertitudes liées à l’approvisionnement énergétique. Et ce, pour plusieurs raisons. D’un côté, l’intensité énergétique de la production est plus faible. La création de valeur nécessite moins d’énergie dans notre pays. C’est la conséquence, d’une part, de l’amélioration de l’efficacité énergétique au sein des différentes branches et, d’autre part, de l’évolution du mix sectoriel.

 

Par ailleurs, la part de la valeur ajoutée des secteurs industriels à forte consommation d’énergie est passée de 34 à 24% au cours des vingt dernières années. Cela s’explique notamment par la croissance de l’industrie pharmaceutique relativement moins gourmande en énergie, qui représente maintenant 27% de la création de valeur industrielle suisse.

Comparaison de l’intensité énergétique en Suisse et dans d’autres pays européens

Les prix du gaz et de l’électricité ont moins d’importance

Dans la crise énergétique actuelle, il est important de savoir à combien s’élèvent les coûts du gaz et de l’électricité pour la production d’un secteur. Il existe néanmoins de grandes disparités entre les branches, car l’augmentation des prix de l’énergie n’affecte pas tous les secteurs industriels de la même manière. En Suisse, c’est l’industrie du papier qui a la part de coûts énergétiques la plus élevée, avec 6,7%. Mais cette part est inférieure à 1% dans la majorité des secteurs, y compris ceux qui sont importants pour la création de valeur dans notre pays.


Outre ces coûts directs, l’effet d’une pénurie ou d’une hausse des prix peut également se répercuter indirectement sur les chaînes d’approvisionnement. C’est notamment le cas lorsque les producteurs d’intrants répercutent leurs coûts.

Baisse de la part des coûts de l’électricité et du gaz dans les principaux secteurs industriels

La Suisse est relativement dépendante de l’étranger sur le plan énergétique

Cependant, les coûts de l’énergie ne sont pas les seuls à jouer un rôle pour les entreprises: la disponibilité de l’énergie et la stabilité de l’approvisionnement sont également essentielles. La Suisse achète environ 70% de son énergie à l’étranger. Elle est donc plus dépendante des importations d’énergie que l’Allemagne ou la France par exemple.

 

Cette dépendance énergétique est principalement marquée dans le cas des énergies fossiles et du combustible nucléaire, alors que la Suisse est un exportateur net d’électricité. Une dépendance excessive peut affecter la stabilité énergétique et accroître la vulnérabilité d’une économie. Néanmoins, la Suisse peut difficilement s’y soustraire étant donné qu’elle possède peu de matières premières.

La Suisse importe 70% de son énergie

Les structures du commerce de l’énergie ont changé en raison de la crise énergétique

Dans le sillage de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les structures d’importation de gaz en Europe ont considérablement changé. Indirectement, les importations suisses d’énergie se sont également diversifiées. Une grande partie du gaz naturel russe est désormais remplacée en Europe par des importations de gaz naturel liquéfié, provenant essentiellement des États-Unis. Ces derniers sont devenus le premier fournisseur de cette matière première, reléguant le Qatar à la deuxième place.

Faible intensité énergétique et diversification: la recette du succès de la Suisse?

L’analyse des différents facteurs montre que l’industrie de la Suisse est mieux positionnée que celle des pays européens en raison de sa faible intensité énergétique. La hausse des prix du gaz et de l’électricité l’affecte moins. Toutefois, le fait que la Suisse, petite économie ouverte, soit dépendante des importations induit des vulnérabilités indirectes, tant dans la chaîne de création de valeur que dans l’approvisionnement énergétique.

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